Une inflation brésilienne à deux chiffres en 2015
Les fondamentaux du Brésil continuent de se dégrader. Hier, les chiffres officiels de l’inflation sont tombés : les prix ont augmenté de 10,67% l’an dernier au Brésil, un record depuis 2002 et plus du double de l’objectif affiché de 4,5% (en 2014, la hausse était de 6,41%) . Cela dit, ce n’est pas une surprise puisque les marchés tablaient sur 10,72% et la Banque centrale du Brésil sur 10,8%. Première cause de ce dérapage, le réajustement des tarifs règlementés, gelés depuis des années: le prix de l’électricité a ainsi bondi de 51% en moyenne par rapport à 2014. Mais les prix des services ont également augmenté, de près de 9% sur les deux derniers mois de l’année ; une hausse liée, selon les analystes, au déficit budgétaire croissant qui a conduit la Banque centrale à relever son taux d’intérêt directeur à 14,25%. Le déficit budgétaire pourrait atteindre 2% en 2015, soit quelque 31 milliards de dollars. Selon André Leite de TAG Investimentos, cité par l’AFP, « on prend le chemin d’une réindexation et d’une inertie inflationniste, comme dans les années 80».
«La plus grande erreur a été ne pas avoir mesuré en 2014 l’ampleur du ralentissement économique, en raison de problèmes internes et externes», avait reconnu, la veille de la publication de ces chiffres, la présidente Dilma Rousseff, évoquant le coup de frein chinois et la sécheresse record qu’a subie le Brésil. Elle a promis de tout faire pour assurer «un excédent primaire de 0,5% du PIB» en 2016, pour faire retomber l’inflation à 6,5%. La Banque centrale table sur 6,2% (mais sur 9,2% pour le seul premier trimestre).
La situation est d’autant plus sérieuse que le pays est entré en récession dès le deuxième trimestre 2015 et a terminé l’année autour de 3,1% de contraction du PIB, selon des chiffres gouvernementaux non définitifs. Brasilia prévoit également un repli de 1,9% cette année. Ce serait alors la première fois depuis 1930 que la première économie latino américaine serait en récession deux années de suite. Ajouté à la crise politique qui secoue le pays depuis des mois (Dilma Rousseff est sous le coup d’une procédure de destitution), le marasme actuel constitue pour le nouveau ministre de l’économie Nelson Barbosa (qui a remplacé le très orthodoxe Joaquim Levy en fin d’année dernière) un défi de taille, alors que le pays reste traumatisé par le cauchemar de l’hyperinflation des années 80.