Un partenariat franco-chilien dans l’énergie
Dans la foulée d’un accord de principe conclu entre les présidents français Nicolas Sarkozy et chilien Sebastian Piñera l’automne dernier, une coopération sur l’énergie se met en place entre les deux pays, pilotée par les deux patrons des groupes GDF Suez et Luksic.
Le Chili et la France vont coopérer dans l’énergie. Concrètement, le groupe français GDF Suez s’est allié au conglomérat chilien Quiñenco, filiale du groupe familial Luksic, pour développer les énergies renouvelables au Chili. Gérard Mestrallet, président GDF Suez, et Guillermo Luksic, président de Quiñenco, vont présider un groupe d’hommes d’affaires franco-chilien composé d’énergéticiens, d’acteurs du BTP et de financiers (Areva, BNP Paribas, Bolloré, Bouyues et Vinci notamment en font partie).
L’initiative de ce partenariat remonte à octobre 2010, lors de la visite officielle en France du président chilien Sebastian Piñera. Les termes en ont été précisés lors de la visite à Paris, en février dernier, de la ministre chilienne de l’Energie, Laurence Osborne, durant laquelle les deux pays ont jeté les bases d’une coopération, notamment dans les domaines nucléaire et minier. Un accord concernant la formation nucléaire a été signé, même si Sebastian Piñera a déjà annoncé qu’il ne prendrait aucune décision sur le sujet avant la fin de son mandat en 2014. A Paris, Laurence Osborne a ajouté que la réflexion sur une éventuelle construction d’une centrale nucléaire française n’en était encore qu’au stade préliminaire. Et le drame de Fukushima au Japon ne devrait sans doute pas orienter la réflexion dans le sens souhaité par la France. Mais selon Gérard Mestrallet, le groupe de travail, qui remettra d’ici un an son rapport aux deux gouvernements, devrait aussi travailler sur la biomasse, l’éolien, voire l’énergie de la houle marine.
A priori, les deux pays ont beaucoup à gagner de ce partenariat . La France cherche certes toujours à exporter sa technologie nucléaire, mais elle s’intéresse aussi aux nombreuses ressources minières du Chili (le cuivre, dont il est le premier producteur mondial mais aussi le fer, l’or, l’argent ou le manganèse) . «L’accès aux métaux stratégiques est une priorité pour l’industrie française», a d’ailleurs reconnu le ministre de l’Industrie Eric Besson. Quant au Chili, très dépendant des importations d’hydrocarbures, il reste confronté à la difficulté récurrente de sécuriser ses approvisionnements énergétiques.
Premier producteur privé d’électricité au Brésil et deuxième producteur au Pérou, GDF Suez est également très présent au Chili via E-Cl, premier producteur d’électricité sur le réseau Nord du pays. Le groupe possède 50% du terminal de réception et de regazéification off shore de GNL de Mejillones (à parité avec Codelco), construit à partir de 2008, pour faire face à l’arrêt par l’Argentine de ses livraisons de gaz. L’électricité produite représente actuellement le quart du marché de l’électricité au nord du Chili. GDF Suez y construit en outre actuellement un réservoir de stockage on shore qui doit être achevé en 2013. Il a d’autre part construit le parc éolien de Monte Redondo (capacité 48 MW) qui fait partie du réseau de la région Centre.
Le groupe français est déjà partenaire de la famille Luksic. Il a récemment achevé la construction de deux nouvelles centrales thermoélectriques à Mejillones , dont il co-détient justement l’une, CTH, aux côtés du groupe Luksic (40 %). Cette centrale doit approvisionner la mine Minera Esperanza, contrôlée à 70% par Antofagasta Minerals (banche minière du groupe Luksic) aux côtés de Marubeni Corporations (30%). Cet énorme projet minier a été inauguré le 7 avril dernier par Sebastian Piñera.