Le président bolivien Evo Morales expulse l’agence américaine USAID
Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le président bolivien Evo Morales est coutumier des annonces spectaculaires lors de ses discours enflammés du 1er mai. C’est souvent ce jour-là, par exemple, qu’il lance la nationalisation d’un secteur de l’économie. Hier, il n’a pas dérogé à la règle en annonçant, cette fois, l’expulsion de l’agence américaine de développement international (USAID). Selon l’agence de presse officielle ABI, celle-ci est accusée «d’ingérence politique dans des syndicats de paysans et d’autres organisations sociales ». Evo Morales n’a pas donné plus de précision ni de preuves concernant ces accusations mais il a depuis longtemps dans le collimateur cet organisme qu’il a déjà accusé de financer des groupes d’opposants, notamment les communautés indigènes qui s’opposent depuis un an et demi à un projet gouvernemental d’autoroute devant traverser la réserve naturelle du Tipnis.
Washington a jugé ces allégations « sans fondements » et rappelé que, depuis sa création en 1964, l’agence USAID avait pour rôle « d’aider le gouvernement bolivien à améliorer les vies des Boliviens ordinaires ». Evo Morales est l’un des principaux acteurs de la gauche radicale latino-américaine, dans la foulée de son allié et mentor Hugo Chavez ( décédé en mars dernier). Sa volonté de briguer un troisième mandant présidentiel en 2014 n’est sans doute pas étrangère à ce nouvel accès d’antiaméricanisme, toujours très payant dans l’opinion (il a déjà expulsé, en 2008, l’ambassadeur américain et des agents de la Drug Enforcement Administration des États-Unis). Mais on ne peut pas non plus ignorer que le président socialiste de Bolivie est l’une des bêtes noires des Etats-Unis et que l’on peut supposer que Washington voit d’un bon oeil les actuelles difficultés de Morales _ pourtant lui-même indien aymara _ avec les communautés autochtones .