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Michel Martelly face au défi de la reconstruction

Michel Martelly
Michel Martelly

Le nouveau président haïtien a choisi un proche pour l’aider à remettre sur pied l’économie du pays en désignant l’homme d’affaires Daniel-Gérard Rouzier comme Premier ministre. Une nomination qui doit encore être ratifiée par le Parlement.

 

C’est donc à « Sweet Micky », surnom du chanteur Michel Martelly et nouveau président d’Haïti depuis son investiture le 14 mai, que revient la tâche de reconstruire cette île d’une pauvreté chronique et qui ne s’est toujours pas relevée du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010 (300.000 morts). Il a été élu le 20 mars dernier avec près de 68% des voix face à l’ancienne « première dame » Mirlande Manigat et après un premier tour agité et controversé. A 50 ans, issu du parti Repons Peyizan (une formation anti-système, axée sur le social), il n’a aucune expérience des affaires publiques, mais peut compter sur sa grande popularité, notamment auprès de la jeunesse et, comme il l’a dit lui-même à l’agence Reuters, sur « ses talents de communicateur » pour « inspirer la population et la guider sur la bonne voie ».

La tâche est énorme. Des centaines de milliers de survivants sont toujours sans véritable logement, le chômage est endémique et le choléra a déjà fait près de 5.000 personnes. Surtout le pays souffre toujours de la faiblesse et de la corruption chroniques de ses institutions, une situation inchangée depuis la chute de Duvalier en 1986 et dont le nouveau président est manifestement conscient. « Les fonctionnaires se sont enrichis et ont perdu le sens du service de la nation », a-t-il reconnu. Mais il devra néanmoins composer avec la coalition (Inite) du président sortant René Préval, toujours majoritaire au Parlement.

Le maintien de la sécurité dans ce pays ravagé est un autre défi gigantesque . Il devrait pour cela pouvoir compter sur la communauté internationale, plutôt bien disposée à son égard. Plus de 12.000 casques bleus sont toujours basés en Haïti. Quant à la volonté de Martelly de rétablir l’armée haïtienne, dissoute par le président Jean-Bertrand Aristide en 1995, elle est en revanche plutôt mal perçue, y compris d’ailleurs à Washington. L’aide internationale, essentielle, représente les deux tiers du budget de l’Etat. Mais les dix milliards de dollars promis après le séisme tardent à arriver. Le nouveau président a par ailleurs promis de tout faire pour attirer les investisseurs, notamment dans les infrastructures et le tourisme.

Pour l’aider à relancer l’économie du pays, il vient de nommer Daniel-Gérard Rouzier comme premier ministre. Cet homme d’affaires influent de 51 ans est un de ses proches. Diplômé en comptabilité aux Etats-Unis, il est à la tête de plusieurs sociétés en Haiti, notamment le concessionnaire automobile Sun Auto dont il est directeur général, et la centrale électrique privée E-Power qu’il préside. Les deux chambres du Parlement doivent cependant encore ratifier cette nomination.