Les négociations entre l’UE et le Mercosur prennent de la consistance
La reprise des négociations entre l’Union européenne et le Mercosur (1), devant déboucher sur un accord de libre échange, se concrétise enfin. Le 11 mai dernier, les deux blocs commerciaux ont échangé leurs offres tarifaires, une première étape « importante économiquement, politiquement et culturellement » selon les termes de la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, pour relancer les discussions commerciales. Après six années de gel, les négociations ont repris en 2010, mais l’échange de tarifs avait dû être reporté plusieurs fois depuis 2014.
« Comme on pouvait s’y attendre, personne n’est totalement satisfait », a a déclaré une source du Mercosur proche des négociations, citée par l’AFP. La question de l’agriculture, qui traverse une crise profonde en Europe et notamment en France, est naturellement celle qui suscite le plus de crispations. La commissaire européenne a cherché à déminer le terrain face aux eurodéputés, évoquant un excédent commercial pour la viande porcine et les produits laitiers et rappelant que le soja et l’alimentation du bétail représentent 60 % des importations agricoles européennes du Mercosur, dont les droits de douane seraient ainsi supprimés. Selon elle, les exportateurs européens paient actuellement 4 milliards d’euros par an en droits de douane sur cette zone.
D’autre part, deux des produits sensibles, la viande bovine et l’éthanol, ont été exclus de l’offre d’ouverture de l’Union européenne. Le dossier est « remis à plus tard ». INTERBEV, l’interprofession bovine française, avait salué dès le 6 mai « la décision de Jean-Claude JUNCKER d’écarter la viande bovine des négociations, répondant ainsi à [sa] demande exprimée dans un récent courrier adressé au président de la Commission européenne ».
Les négociateurs en chef des deux parties doivent désormais se réunir avant l’été et préparer un calendrier de rencontres pour le second semestre. L’Argentine a longtemps freiné des quatre fers mais l’arrivée au pouvoir en décembre dernier, du très libéral Mauricio Macri a changé la donne après 12 ans de protectionnisme kirchnériste. Buenos Aires pourrait même jouer un rôle d’entrainement vis à vis de son puissant voisin brésilien, jusqu’ici peu enthousiaste sur le libre échange.
Cela dit, les craintes ne sont pas complètement enterrées. Les dossiers du boeuf et de l’éthanol ne sont d’ailleurs que temporairement écartés. Le mois dernier, une vingtaine de ministres de l’agriculture européens ont obtenu qu’une étude soit menée sur l’impact d’un tel accord de libre échange sur le secteur agricole, étude dont les résultats devraient être rendus publics en automne.
(1)Union douanière regroupant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela. Ce dernier, récemment intégré, ne participe pas aux négociations avec l’UE.