Le candidat de gauche Tabaré Vazquez en tête au premier tour en Uruguay
Tabaré Vazquez, candidat du parti de gauche Frente Amplio, a remporté le premier tour de l’élection présidentielle en Uruguay, dimanche 26 octobre, avec 46,7% des suffrages, devant son rival de droite Luis Lacalle Pou, du Parti National (plus de 31% de vote). A 41ans, cet héritier d’une grande famille politique, fils d’un ancien président, est la révélation de ce scrutin. L’autre candidat de droite Pedro Bordaberry (Parti Colorado), qui n’a récolté que 13% des suffrages, a déjà annoncé son soutien à Luis Lacalle Pou, ce qui entretient un suspense important pour le deuxième tour qui se teindra le 30 novembre prochain.
Tabaré Vazquez , 74 ans, avait été le premier président de gauche du pays, entre 2005 et 2010. José « Pepe » Mujica, du même Frente Amplio, lui avait succédé, devenant rapidement l’un des présidents les plus atypiques et les plus médiatiques du monde. Cet ancien guerillero Tupamaro de 79 ans très populaire, converti à la social-démocratie, méprisant ouvertement les fastes du pouvoir, a fait de son petit pays (3,3 millions d’habitants) un laboratoire sociétal avec les lois autorisant le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et, surtout, la loi sans précédent dépénalisant le cannabis, très mal acceptée par l’opposition (et même par une partie de sa majorité) et dont certains aspects (dont la vente publique de cannabis en pharmacie) seront remis en cause si la droite revient au pouvoir.
A l’actif de Mujica, une économie très saine : le PIB est en hausse pour la onzième année consécutive, de 4,4% en 2013, le chômage n’excède pas 6% et la pauvreté a été divisée par trois entre 2006 et 2013. Son bilan est plus discutable en ce qui concerne l’inflation (environ 10% par an) et l’éducation. Autre point sensible, la dégradation de la sécurité, fortement ressentie par les Uruguayens, même si le pays reste l’un des moins dangereux du sous continent.
Les élections législatives se sont également déroulées dimanche pour renouveler les 30 sénateurs et 99 députés. Les résultats, encore incertains au lendemain des élections, pourraient contre toute attente, permettre à la gauche de conserver sa majorité au Parlement. Etait également soumis au vote un référendum sur l’abaissement à 16 ans de l’âge de la responsabilité pénale en matière criminelle, auquel les électeurs ont répondu majoritairement non.

Quoi qu’il arrive Pepe Mujica (à qui la Constitution interdisait de se représenter) quittera la présidence le 1er mars 2015. Il a voté dimanche sous l’oeil de la caméra du réalisateur Emir Kusturica, qui tourne un documentaire sur lui.