Le brésilien Safra rachète la banque suisse Sarasin
Fragilisées par la crise européenne et la fin du secret bancaire, les banques privées suisses deviennent des proies faciles pour les investisseurs étrangers, notamment ceux des pays émergents. Le groupe brésilien Safra, actif dans la banque, la finance, l’industrie et les télécommunications, va ainsi prendre le contrôle de la banque bâloise Sarasin en rachetant les 46,1% du capital et les 68% des droits de vote détenues par le groupe bancaire néerlandais Rabobank, pour 1,04 milliard de francs suisses. Les banques Julius Baer et Raiffeisen étaient elles aussi sur les rangs. L’opération valorise Sarasin à 2,3 milliards de francs suisses, selon l’AFP. Sarasin est présente en Europe , au Moyen Orient et en Asie, tandis que la division banque privée de Safra se concentre sur l’Amérique Latine et l’Europe. A fin juin, la première gérait 101,6 milliards de francs d’actifs, contre 109 milliards pour Safra. Dans le journal NZZ am Sonntag, le directeur général de la Banque Sarasin, Joachim Strähle, a assuré que les 1600 employés (principalement basés à Bâle), conserveraient leur poste et que la banque resterait indépendante, non sans évoquer une éventuelle collaboration avec son nouvel actionnaire majoritaire en Suisse et en Amérique du Sud, telle une plateforme informatique commune.
Le groupe familial Safra (créé par Jacob Safra au milieu du 19e siècle dans la ville syrienne d’Alep) avait racheté, en 2000, l’Uto Bank de Zurich, rebaptisée Banque J. Safra. Après la Deuxième Guerre mondiale, la famille avait développé ses affaires en Europe et en Amérique avant de quitter Beyrouth en 1952 pour s’installer au Brésil. L’héritier Edmond Safra a lui-même travaillé plus de 40 ans à Zurich avant de mourir dans un incendie en 1999 à Monaco. Le groupe est aujourd’hui dirigé par les frères d’Edmond, Moise et Joseph Safra, dont la fortune est estimée à plus de 11milliards de dollars.