Lancement officiel du petro, monnaie virtuelle vénézuélienne
En défaut partiel et face à une inflation à 4 chiffres, Caracas a lancé hier sa cryptomonnaie, le petro, censée parer aux sanctions américaines. Ce mercredi, le gouvernement de Nicolas Maduro a annoncé avoir reçu pour 735 millions de dollars d’intentions d’achat dans les vingt premières heures de la prévente.
Après la prévente privée (38,4 millions de petros) débutera le 20 mars l’offre publique de 44 millions de petros, dont l’Etat se réservera 17,6 millions. Au total, 100 millions de petros seront distribués, soit 6 milliards de dollars.
Le petro est très différent des autres monnaies virtuelles: il est indexé sur les réserves de pétrole du pays (les plus importantes au monde) et sur les stocks de diamant, d’or et de gaz. Le prix de vente de référence a été fixé à 60 dollars, soit le prix du baril de pétrole, et variera comme lui. Le gouvernement va également créer un « Observatoire de la Blockchain« , une plateforme d’échanges de cryptomonnaie, étroitement contrôlée par le gouvernement.
Cette initiative est destinée à trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouve le pays, plombé par une dette extérieure évaluée à 150 milliards de dollars. Le pays est un cas d’école de la maladie hollandaise : ses ressources en devises proviennent quasi exclusivement du pétrole, dont la chute des cours l’a frappé de plein fouet en 2013. Et comme il ne fabrique plus grand-chose, il doit importer la quasi totalité des produits de première nécessité, nourriture et médicaments notamment, dont la pénurie devient insoutenable pour la population.
Les cryptomonnaies ne sont pas inconnues au Venezuela. Dans ce pays où l’inflation est galopante (2.300 % en 2018 prédisent certains analystes) et où le bolivar a perdu 95,5% face au dollar au marché noir, le bitcoin fait depuis 2016 office de valeur refuge. Des dizaines de milliers de « mineurs » fabriquent des bitcoins et échangent leurs gains en dollars ou en nouveaux bitcoins. L’envolée du cours a atteint 12.000 dollars début décembre 2017, soit 1.200% d’augmentation par rapport au début de l’année, alors que dans la même période l’hyperinflation atteignait 800% selon le FMI.