La droite dure uribiste prend le pouvoir en Colombie
Ivan Duque , 42 ans, a été largement élu dimanche à la présidence de la Colombie avec 54% des voix, face à son rival de gauche, Gustavo Petro (un ancien guerillero devenu parlementaire et maire de Bogota de 2012 à 2015). Ivan Duque, ex sénateur, remplacera le 7 août prochain le président sortant Juan Manuel Santos. Le maintien de la droite au pouvoir a rassuré les milieux d’affaires mais le positionnement, beaucoup plus dur que Santos, du nouveau président, très proche de son mentor Alvaro Uribe (président de 202 à 2010), fait peser une menace sur l’accord de paix signé fin 2016 avec les FARC. Il a promis durant la campagne de le réviser « sans le déchiqueter ».
L’accord a permis de désarmer 7.000 rebelles, mais a aussi offert à la guerilla des FARC de se convertir en force politique admise au Parlement. Une normalisation très mal vécue par une grande partie de la population (qui a d’ailleurs rejeté majoritairement l’accord par referendum ).
Beaucoup sont convaincus que l’action de Duque sera téléguidée par Alvaro Uribe, impliqué dans des affaires de corruption et de lien avec les paramilitaires, mais toujours très influent dans le pays, et farouche opposant de l’accord avec les FARC. Son mentor va d’ailleurs diriger , au Sénat, le groupe de son parti, « le Centre démocratique ».
Parmi les dossiers brûlants qui attendent le nouveau président, figure aussi la lutte contre le narcotrafic, alors que, de notoriété publique, les mafias mexicaines financent des dissidents des Farc aux frontières avec l’Equateur et le Venezuela.. La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne et les plantations illicites sont en hausse. Désireux de maintenir la coopération entre Bogota et Washington, Duque souhaite notamment reprendre les aspersions aériennes d’herbicide, méthode radicale pourtant très controversée.
Il va aussi, sans doute, durcir fortement le ton face au voisin avec lequel il partage 2200 km de frontières : le Venezuela de Nicolas Maduro, qu’il qualifie de « dictateur génocidaire ». Il envisage une dénonciation devant la Cour pénale internationale (CPI) et une « transition » imposée vers la démocratie, avec l’aide de l’Organisation des états américains (OEA). La Colombie n’arrive plus à faire face au flux de migrants (plus d’un million en 16 mois) qui fuient la débâcle économique et politique du régime chaviste.