Congrès du PC cubain: la vieille garde octogénaire castriste rempile pour 5 ans
Circulez, y a rien à voir, ou presque. Après quatre jours de débats, le septième congrès du Parti communiste cubain s’est conclu sans la moindre annonce consistante, qu’il s’agisse de l’accélération des réformes ou du renouvellement des principaux dirigeants, quasiment tous octogénaires. Le président cubain Raul Castro a déclaré que le PC renouvelait sa confiance aux «vétérans de la génération historique qui jouissent d’une autorité auprès du peuple», tout en promettant pour l’avenir « un passage progressif et ordonné des principales responsabilités du pays à de nouvelles générations».
Raul Castro, 84 ans, est donc réélu premier secrétaire jusqu’en 2021 (même s’il est toujours prévu qu’il quitte la présidence en 2018). De même que sont reconduits le numéro deux Jose Machado Ventura (85 ans), le général Leopoldo Cintra Frias (72 ans), ministre des Forces armées, le commandant Ramiro Valdes (83 ans) et le général Ramon Espinosa (77 ans), au sein d’un bureau politique porté de 14 à 17 membres (dont 5 militaires et 4 femmes). Certes, l’application d’une limite d’âge de 70 ans pour les principaux dirigeants a été votée, mais seulement à partir de 2021. Cette fois, Raul Castro l’a promis, le prochain congrès sera « le dernier dirigé par la génération historique, qui remettra les bannières de la révolution et du socialisme aux jeunes pousses ». Jeunes pousses toute relatives, puisqu’il s’agit notamment de Miguel Diaz-Canel, 55 ans, premier-vice président de Cuba depuis 2013 et considéré _ jusqu’à présent du moins _ comme le dauphin de Raul Castro.
Quant aux réformes économiques annoncées au congrès de 2011, pas question de se presser. «Nous les poursuivrons à pas soutenus, sans hâte mais sans pause», a souligné Raul Castro devant le millier de délégués, non sans exclure « toute restauration du capitalisme, qui impliquerait des thérapies de choc aux couches de la population les moins favorisées et détruirait l’unité et la confiance de la majorité de nos citoyens envers la Révolution et le parti».
Ce quasi immobilisme peut être interprété par des divergences de vues persistantes au sein du PC entre partisans du changement et ceux du statu quo. Mais on peut aussi y voir une sorte de riposte à la visite historique d’Obama le mois dernier, perçue par certains caciques du parti. A commencer par le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, qui a estimé devant le Congrès que la visite du président américain à la Havane constituait « une attaque en profondeur contre nos idées, notre histoire, notre culture et nos symboles», lui reprochant d’avoir cherché à éblouir le secteur privé et de chercher à construire une opposition à Cuba.
Seule fait notable remarqué du Congrès , la venue de Fidel, en survêtement, (deuxième apparition publique après 9 mois d’absence), qui a lui-même présenté cette sortie comme l’une des dernières. «Je devrai bientôt fêter mes 90 ans . Notre tour viendra à tous, mais les idées des communistes cubains resteront», a déclaré l’ex-Lider Maximo. Pour le renouveau, rendez-vous dans 5 ans.