Après des mois d’atermoiements, Brasilia s’est enfin décidé : selon le site d’information The Brazilian Report, l’opérateur aéroportuaire public Infraero sera privatisé. Le gouvernement va céder 51% du capital via un système d’enchères, démarche qui pourrait aller jusqu’à 80%. Il espère en tirer 10 à 15 milliards de reais (2,3 à 3,5 milliards d’euros). Infraero administre 54 aéroports dans tout le pays, dont celui de São Paulo-Congonhas _ la pépite _ mais aussi Rio-Santos Dumont, Belém, Manaus, Curitiba, and Goiânia. La durée des concessions est de 30 ans.
Selon une source citée par The Brazilian Report, Infraero aurait signé un accord avec les délégués du personnel, empêchant tout licenciement jusqu’en 2020. Mais il est peu probable que le nouveau propriétaire le respecte. En 2012, la compagnie comptait plus de 14 000 salariés. Aujourd’hui, il en compte encore près de 10.000, bien qu’il ait cédé 9 de ses aéroports à des actionnaires privés. Les contrôleurs aériens qui faisaient partie d’Infraero seront, eux, transférés une nouvelle structure publique ad hoc, baptisée Nav Brasil.
C’est Vinci qui a remporté en 2017 la concession de l’aéroport Deputado Luis Eduardo Magalhaes à Salvador, le dernier cédé par Infraero. Le groupe français renforce ainsi sa présence en Amérique latine , où il est déjà concessionnaire de l’aéroport international de Santiago du Chili, et de 6 aéroports en République dominicaine.
Le processus qui aboutit aujourd’hui au démantèlement de l’opérateur public est le fruit d’une réflexion initiée dès 2008 par le président Lula qui prévoyait d’alléger Infraero, malgré la résistance acharnée du Parti des Travailleurs, son propre parti, très attaché au maintien de la souveraineté nationale sur ses aéroports. Mais le sous-investissement et l’incapacité de la compagnie à gérer la hausse du trafic aérien, les crises et les incidents permanents, ont conduit Lula dans la perspective de la Coupe du Monde de football de 2014 puis des JO de 2016, à se résoudre à entamer le monopole pour doper la modernisation des aéroports les plus stratégiques. En 2012, la présidente Dilma Rousseff avait lancé la cession des trois premiers aéroports : São Paulo (Guarulhos), Viracopos à Campinas (le groupe e d’ingénierie français Egis fait partie du consortium) et celui de Brasilia.
Las, après la cession de 9 de ses aéroports, Infraero a encore enregistré l’an dernier 1,8 milliard de reais de pertes, A quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre prochain, le gouvernement de Michel Temer sonne donc la sortie de la sphère publique de toute l’infrastructure aéroportuaire de cet immense pays. De quoi attirer, malgré le contexte actuel brésilien très compliqué, bon nombre d’investisseurs.