America Movil met le cap sur l’Europe
Le géant mexicain des télécoms, contrôlé par Carlos Slim, cherche des relais de croissance hors de son champ d’action latino-américain. Il devrait enfin réussir à s’implanter en Europe en prenant 28 % du néerlandais KPN. Il poursuit aussi son développement aux Etats-Unis.
America Movil sort de son pré carré latino-américain et met un pied en Europe. Le géant des télécoms, contrôlé par le Mexicain Carlos Slim Helu (première fortune mondiale selon Forbes), a annoncé le 8 mai son intention de porter de 4,8% à 28% sa participation dans l’opérateur néerlandais de télécommunications KPN (13,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires , 31.000 salariés, 4,5 millions de clients). L’offre d’achat est de 8 euros par action (une prime de 23,5% sur le dernier cours de l’action KPN), soit 2,64 milliards d’euros au total. Soulignant «la position attractive de KPN sur d’importants marchés européens», le groupe mexicain a déclaré vouloir «nouer une relation constructive à long terme et explorer avec KPN des coopérations potentielles», citant en exemples le roaming, la distribution de données ou le marketing. De son côté, KPN s’est sobrement borné à confirmer « avoir pris connaissance des intentions d’America Movil ».
Achat de Simple Mobile en Californie
L’idée n’est apparemment pas, du moins dans un premier temps, de prendre le contrôle du ténor néerlandais de la téléphonie, ce qui serait d’ailleurs sans doute très mal vu par La Haye. L’action KPN ayant chuté de 30% en un an, on peut sans doute voir dans ce geste une motivation en partie opportuniste. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’incursion du géant mexicain en Europe. Avec 39,13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et quelque 230 millions de clients, America Movil domine en effet largement le marché latino-américain des télécoms (35% du marché, dont 70% du seul marché mexicain), même si le groupe espagnol Telefonica (25% du marché latino), lui mène la vie dure depuis le début des années 2000 et le devance notamment sur le marché brésilien. Slim estime sans doute, en tout cas, avoir quasiment saturé ses possibilités de croissance sur la zone. D’où sa volonté de se développer désormais hors du sous continent. Deux jours après cette opération, il a d’ailleurs récidivé, chez le voisin américain cette fois, en annonçant sa volonté d’acheter l’opérateur de réseau mobile virtuel californien Simple Mobile (plus d’un million d’abonnés). America Movil est déjà bien implanté aux Etats-Unis via sa filiale Tracfone ( plus de 20 millions d’abonnés)
En revanche, la montée au capital de KPN signe sa première incursion sur le continent européen, après une tentative avortée il y a 5 ans. En 2007, il avait en effet tenté, conjointement avec AT&T, d’entrer au capital de Telecom Italia, avant de se heurter au blocage des autorités et d’échouer au profit de… Telefonica. Sa prise de position dans KPN, très présent sur les marchés néerlandais, belge et surtout allemand, pourrait bien cette fois déplacer la compétition entre les deux géants sur le sol européen. La décote boursière dont souffrent les entreprises de télécoms aujourd’hui pourrait même lui offrir à court terme d’autres opportunités.