Le spectre de l’hyperinflation refait surface au Venezuela
Depuis trois mois, la Banque centrale du Venezuela ne diffuse plus les chiffres de l’inflation (63,4% en glissement annuel à fin août), constate l’AFP, qui a interrogé plusieurs responsables et témoins. L’agence cite notamment une employée de Mac Donald’s qui raconte que « que la carte des prix change pratiquement chaque mois ». Selon Henkel Garcia, directeur du cabinet Econométrica, et la plupart des économistes, l’inflation entre septembre et décembre pourrait approcher les 5% par mois. Dans le même temps, la pénurie de devises, qui risque de s’aggraver encore avec la chute des recettes pétrolières, asphyxie depuis plus de deux ans la production nationale.
De nombreux produits de base _ lait, farine, médicaments, papier hygiénique, produit vaisselle ou pièces détachées automobiles entre autres _ deviennent quasi introuvables. Produits sur lesquels se jettent les Vénézuéliens dès qu’ils en trouvent, impatients de dépenser un salaire qui se déprécie à toute vitesse. Et ce, même si le président Nicolas Maduro à fait augmenter le salaire minimum six fois depuis 2013 (+ 64% depuis le début de l’année).
Dans ce contexte, l’achat de dollars sur le marché parallèle est en plein essor, face à un contrôle des changes en vigueur depuis 2003. En novembre, le dollar parallèle s’échangeait à 150 bolivares (40 en début d’année), contre 6,3 au marché officiel. Un effet directement lié à l’effondrement des cours du pétrole, qui constitue 96% des ressources en devises du Venezuela. « La détérioration des anticipations de taux de change, en raison de la chute du pétrole, se traduit généralement par des pressions sur le dollar. Cela contraint le gouvernement à réduire l’accès aux devises et les gens à se tourner vers le marché parallèle », explique à l’AFP l’économiste Pedro Palma . « Le risque d’hyperinflation va gagner du terrain si les troubles monétaires se poursuivent ou prennent de l’ampleur, s’il y a une chute brutale de l’offre de devises ou en cas de perte de confiance dans la monnaie locale », ajoute Henkel Garcia.