Odebrecht espère tourner la page « Lava Jato » avec une amende de 3,5 milliards de dollars
Cheville ouvrière du tentaculaire scandale Petrobras dit «Lava Jato», le numéro un du BTP brésilien Odebrecht a accepté de payer une amende de 3,5 milliards de dollars pour sortir de la paralysie à laquelle l’ont condamné les révélations de corruption le concernant. Dans les faits, a expliqué le ministère de la Justice américain (Doj) qui agit en vertu des lois extraterritoriales américaines, la maison-mère paiera 2,6 milliards de dollars_ dont 80% seront reversés aux autorités brésiliennes et 20% à la Suisse et aux Etats-Unis _ et sa filiale pétrochimique Braskem 957 millions (70% pour le Brésil, le reste dans les deux autres pays).
Cette amende record sanctionne le méga cartel de BTP qu’ Odebrecht a piloté pendant plus de 10 ans, autour des marchés de sous-traitance de la compagnie pétrolière Petrobras, «en versant près de 800 millions de dollars de pots-de-vin à des responsables gouvernementaux sur trois continents», a précisé le DoJ.
Depuis que le scandale a éclaté, le puissant groupe brésilien est devenu tricard dans tous les appels d’offres du monde entier et voit sa survie menacée si rien ne change. Cette amende _ la plus lourde jamais versée pour des faits de corruption à l’étranger, selon le Doj _ doit lui permettre de prendre un nouveau départ.
D’autant que ses principaux ex-dirigeants, dont le flamboyant PDG déchu Marcelo Odebrecht, sont désormais sous les verrous. Début décembre, 77 d’entre eux, PDG compris, ont d’ailleurs accepté de collaborer avec la justice brésilienne en échange de remises de peine. Leurs dénonciations viseraient de nombreux hommes politiques de tous bords, dont l’ancien président Lula mais aussi une série de dirigeants et chefs d’Etat latino américains. En mars dernier, une comptabilité secrète a été découverte dans le groupe, listant, sous des noms de code, plus de 200 hommes politiques de toutes formations, bénéficiaires de pots de vin pour les diverses élections. L’ex-vice-président des relations institutionnelles d’Odebrecht, M. Melo Filho, a ainsi mis en cause l’actuel président par interim Michel Temer, qui aurait selon lui reçu plus de trois millions de dollars pour ses campagnes électorales. Ce dernier nie, évidemment. Six de ses ministres ont déjà dû démissionner suite à des dénonciations. Le feuilleton continue.