Le PDG de Casino Jean-Charles Naouri devient représentant spécial de la France pour le Brésil
Après Philippe Faure, représentant spécial de la France pour le Mexique, Jean Charles Naouri, PDG du groupe Casino devient lui aussi un soldat de la diplomatie économique française en Amérique latine. Le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius vient en effet de le nommer « représentant spécial pour les relations économiques avec le Brésil ». Selon le communiqué du Quai d’Orsay, il bénéficie « d’une expérience reconnue des enjeux économiques et
commerciaux internationaux. Il dispose d’une expérience croisée des secteurs
public et privé à haut niveau et d’une connaissance approfondie du marché
brésilien. Il apportera son concours aux efforts du ministère des affaires
étrangères et de l’ensemble du gouvernement pour contribuer au redressement
économique de la France, promouvoir le développement au Brésil de nos
entreprises et valoriser l’attractivité du territoire national, au bénéfice
de la croissance et de l’emploi. Sa mission, d’intérêt général, sera de
renforcer les relations ».
Jean Charles Naouri fut directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy entre 1982 et 1986 (au ministère des Affaires sociales puis de l’Économie et des Finances), où il fut le principal architecte de la modernisation des marchés financiers (avec notamment la création du MATIF et du MONEP) et de leur dérégulation en France (allègement du contrôle des changes et suppression de l’encadrement du crédit). Après le retour de la droite au pouvoir en 1986, il rejoint la Banque Rothschild & Cie puis crèe son fonds d’investissement. En 1991, il rachète le distributeur breton Rallye, en difficulté, dont il apporte les magasins au Groupe Casino. Rallye devient le premier actionnaire du groupe stéphanois.
En 1997, Promodès lance une OPA hostile sur Casino, qui échoue face à la contre-offre de la famille Guichard et de Jean-Charles Naouri. Celui-ci devient l’actionnaire majoritaire puis, en 2005, le président du groupe. Il a, depuis lors, notamment développé les positions du groupe à l’international, notamment en Amérique latine où il est ainsi devenu le numéro 1 de la distribution alimentaire grâce à ses très fortes implantations en Colombie et au Brésil.
Il y a un an, Casino a pris le contrôle total de sa filiale brésilienne GPA (Pao de Açucar, 14,78 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé en 2012), dans laquelle il était entré dès 1999. Prévue dans les accords passés en 2005 avec le fils du fondateur historique du groupe, Abilio Diniz (qui reste président non exécutif du conseil d’administration), cette prise de contrôle est cependant une victoire arrachée de haute lutte par Naouri. En juillet 2011, Abilio Diniz, peu désireux de céder le pouvoir, avait en effet tenté de reprendre le groupe en s’associant à Carrefour avec le soutien de la banque publique BNDES et, donc, dans un premier temps, la discrète bénédiction du gouvernement brésilien. La tentative avait échoué face à la riposte très médiatisée de Naouri mais depuis, les relations entre Naouri et Diniz étaient exécrables.
(1) GPA gère aussi deux enseignes d’électroménager, Ponto Frio, via la société Globex (numéro deux brésilien) du secteur acquise en 2009 , et Casas Bahia, via un accord de partenariat signé en 2010, donnant à GPA, selon Casino, « le leadership national de la distribution de produits électroniques et électroménagers avec une part de marché de plus de 20 % ».